mercredi 16 décembre 2009

On avance !

Oui oui, on avance, même si nous n'avons pas donné de nouvelles depuis longtemps !
A ce jour nous avons reçu 80 souscriptions pour notre maison. Encore un petit effort et nous y serons ! N'hésitez pas à faire connaître le projet à qui pourrait être intéressé...
Nous repoussons un peu l'échéance pour la sortie du livre que nous envisageons au début du printemps 2010.

Voici quelques recherches graphiques autour du texte de Magali Murbach, réalisées par notre nouveau fou : Olivier Subra.

mercredi 9 septembre 2009

Un avant-goût de "Notre maison"

Le premier livre d'Un thé chez les fous commence à voir le jour...
Il a trouvé son nom : Notre maison.
Voici un avant-goût...





jeudi 18 juin 2009

Bon de souscription

A imprimer et à nous retourner accompagné de votre règlement...

mardi 2 juin 2009

Présentation de notre premier ouvrage et de son auteur

Après une formation de scénographe et de costumière à l’école du TNS, Magali Murbach travaille notamment avec Gildas Milin, Célie Pauthe, Nicolas Oton, Aurélia Guillet, Jean-Pierre Baro, Thibault Lebert, Daniela Labbé-Cabrera, Michal Sieczkowski...
Elle s’intéresse également et se forme au montage vidéo. Elle est l’auteur du court-métrage Le cœur à l’ouvrage.

Sans titre sera son premier ouvrage publié, résultat d’un texte sans cesse remis sur le métier depuis deux ans.

« Dans l’idée d’une écriture fragmentaire, la parole qui s’écrit rend compte d’un « paysage » qui n’est pas linéaire. Elle rend compte de ce qui a été épargné par la rature. A l’intérieur de cette écriture fragmentaire épargnée, résiduelle, il y a des mots qu’on ne peut pas prononcer, qu’on décide de taire. Ils sont comme l’ordure dans le paysage. Ce qui est laissé dans le silence, on peut décider de le prononcer malgré tout. C’est ça. Ce qui est illisible à l’œil nu. »

Une étrange fratrie se croise, échange, soliloque, cherche; dit l’histoire, l’enfance, la peur, le paysage, l’être, la nuit.

De son côté, l’équipe éditoriale d’Un thé chez les fous cherche LA forme appropriée à ce texte. Bref, tout est en court. Nous prévoyons la publication de ce livre pour fin 2009, au pire début 2010.

mardi 12 mai 2009

Article dans les Lettres françaises du 9 mai 2009

Voici un article paru sur les Fous dans la dernière édition des Lettres françaises.
Vous pouvez lire ici un appel pour sauver cette revue historique.

mardi 14 avril 2009

Adhésion / souscription

Le premier livre édité par Un thé chez les fous ne bénéficiera d'aucune subvention. C'est pourquoi nous avons besoin de vous tous. Nous avons mis en place pour cette première année une adhésion-souscription d'un montant de 20 €.
Ce premier ouvrage sera un texte de théâtre, très atypique, de Magali Murbach.

Réunion de présentation

Le Chapelier, le Loir et le Lièvre de Mars vous invitent à partager le projet Un thé chez les fous le mercredi 22 avril à 20 heures à la librairie Oh les beaux jours.
Vous voulez en savoir davantage, vous avez un projet éditorial à proposer ? N'hésitez pas !



vendredi 10 avril 2009

Nous contacter

Un thé chez les fous
Librairie Oh les beaux jours
20 rue Sainte Ursule
31000 Toulouse

unthechezlesfous@gmail.com

Du nouveau au sein de l'asso

Eh oui, ça prend du temps mais les choses avancent...
Le CA de l'association est constitué. Il est composé de : Joël Fesel, Gilles Gonord, Céline Lucet, Marie-Céline Orlhac, Marcel Pley, Giorgio Pupella et Christine Tachié.
Parallèlement, la publication de la création de l'association a été faite dans le JO du 7 mars.

mardi 24 février 2009

Le premier projet

Pendant les vacances de février, le Chapelier et le Lièvre de Mars se sont rendus à Paris. Le Chapelier a pu passer du temps avec celui qui "bâtira" - c'est-à-dire typographiera et mise-en-pagera - le premier livre à paraître chez les Fous. Pendant ce temps, le Lièvre passait du temps avec l'auteur, et se régalait du texte en devenir ! Bref, on vous le dit : ce premier livre devrait être une expérience belle et passionnante !

jeudi 5 février 2009

mercredi 4 février 2009

Visuels... toujours en recherche

Voici quelques dessins d'Edward Lear (A book of nonsense, éditions Rackham), que notre chapelier affectionne particulièrement...








jeudi 29 janvier 2009

Chapeaux

On collecte des images pour faire naître des idées...
Voici ce que nous a envoyé Didier, extrait d'un catalogue Galeries Lafayette du XIXè siècle :

mardi 27 janvier 2009

On commence à partager / Où le projet est explicité

Chers amis,

nous travaillons actuellement à la création de la structure d'édition Un thé chez les fous que nous aimerions vous présenter aujourd'hui. Nous voulons partager cette démarche que nous envisageons comme une aventure collective.


Le nom

Depuis la création de la librairie Oh les beaux jours, que ce soit dans nos vies ou nos projets, nous tombons régulièrement dans le terrier du lapin blanc d'Alice, de Lewis Carroll. Pourquoi ?...
Lorsque nous avons cherché un nom pour cette association et cette édition, nous sommes tout naturellement retournés au texte de Beckett qui nous avait inspirés pour la création de la librairie.
Différentes expressions nous ont alors sauté aux yeux :
« Drôle de tournure »
« Les mots vous lâchent »
« Quelque chose semble s'être produit »
« Ejecte, de grâce, éjecte ! »
« Et de plus en plus étrange »
« Las de ton trou, mon lapin ? »
« Ah oui, les choses ont leur vie »
« Dors et veille »…
Puis nous avons constaté que nous étions trois.
Dans ce chapitre d'Alice, habité par le Chapelier, le Loir et le Lièvre de Mars, on y pose des questions sur le temps, les habitudes et les rôles de chacun ; questions-rébus portant à la fois sur le langage et le dessin, l'écrit devenu personne, etc.
D'une manière générale Alice contient en métaphore la manière dont nous considérons les œuvres et la création : quelque chose qui fait grandir, métamorphose et nourrit, bref, change radicalement, physiquement, celui qui donne aussi bien que celui qui reçoit.


La démarche

Nous croyons qu'éditer n'est pas seulement faire exister un objet sur un marché, mais bien aussi et surtout rendre visible une pensée, un acte, une position face au monde, qui pourrait rencontrer d'autres regards, d'autres pensées, et transformer ainsi l'ensemble des personnes concernées par le projet-livre. Bref, nous pensons qu'un réseau d'individus particuliers, réunis autour de ce thé particulier, peut former le noyau d'une aventure collective, c'est-à-dire commune, ce qui est somme toute assez ordinaire, mais ne l'est toutefois pas dans le contexte quelque peu chamboulé –voir franchement cul par dessus tête- dans lequel nous vivons.

Les actions

Les domaines éditoriaux sont ceux de la librairie Oh les beaux jours : le théâtre, la danse contemporaine, le cinéma, la poésie (axée sur la performance, l'oralité, la sonorité…), la marionnette, le cirque, la performance, les arts de la rue.

Notre désir est de rassembler autour de chaque projet une petite équipe – un auteur, un éditeur, un typographe, un graveur… Cette équipe travaillera afin de faire exister un livre qui sera une œuvre commune. Nous aimerions associer artistes, artisans, penseurs…

Nous proposerons un à deux livres par an, c'est peu mais pour nous ce sera déjà beaucoup ! Ca signifie aussi que nous serons d'une extrême exigence et n'éditerons que des textes qui nous transportent, nous interrogent, nous démunissent...

Enfin, cette structure, si elle vise en premier lieu à éditer des livres, ambitionne également d'organiser des événements, et de participer des initiatives où se croisent domaines artistiques et intellectuels…

L'association

La structure associative sera composée ainsi : nous sommes trois à l'origine du projet et formerons le bureau - Gilles Gonord, le Chapelier, président ; Marie-Céline Orlhac, le Loir, trésorière ; Céline Lucet, le Lièvre de Mars, secrétaire. Nous aimerions être accompagnés par un comité d'administration composé de personnes qui aimeraient suivre le projet de près et œuvrer avec nous. Nous avons aussi grand besoin d'adhérents. Le premier livre devra être entièrement autofinancé par l'association ; c'est pourquoi, la première année, l'adhésion sera également une souscription.

Les projets

Ce premier livre sera le texte de théâtre Adviennent de Magali Murbach. Nous sommes en train de composer l'équipe qui créera ce premier ouvrage.
Concrètement : cet objet verra le jour, nous le souhaitons, en 2009. D'autres projets sont nécessaires pour faire vivre l'édition et l'association. C'est dans cette perspective que nous vous sollicitons.


Dès que l'association sera créée, nous nous réunirons, intéressés ou simples curieux, lors d'une soirée à la librairie Oh les beaux jours, siège social des éditions.

A très bientôt !


Le Chapelier
Le Loir
Le Lièvre de Mars

Recherche de visuels



"A mad tea-party"

« Sous un arbre, devant la maison, une table se trouvait mise. Le Lièvre de Mars et le Chapelier y prenaient le thé. Plongé dans un profond sommeil, un Loir était assis entre eux. Les deux compères appuyaient leurs coudes sur le dormeur comme si c’eût été un coussin, et parlaient par-dessus sa tête. « Cela doit être très pénible pour le Loir, pensa Alice ; mais, comme il dort, je suppose qu’il n’en a cure. »
La table était une grande table ; pourtant les trois convives étaient serrés les uns contre les autres à l’un de ses quatre angles. « Pas de place ! Pas de place ! » s’écrièrent-ils dès qu’ils virent Alice s’approcher d’eux. « De la place, il y en a à ne savoir qu’en faire ! » répondit avec indignation Alice en s’asseyant dans un vaste fauteuil placé à l’un des bouts de la table.
« Vous prendrez bien un peu de vin » proposa, d’un ton de voix des plus aimables, le Lièvre de Mars.
Alice promena son regard sur toute l’étendue de la table, sans y découvrir rien d’autre que du thé. « Je ne vois pas, fit-elle observer, le moindre soupçon de vin. »
« Il n’y en a pas », admit le Lièvre de Mars.
« En ce cas, ce n’était pas très poli de votre part de m’en offrir », répliqua Alice en colère.
« Ce n’était pas très poli de votre part de venir vous asseoir ici sans y avoir été invitée », riposta le Lièvre de Mars.
« Je ne savais pas que cette table vous fût réservée, repartit Alice ; elle est mise pour bien plus de trois personnes. »
« Vous auriez grand besoin d’une coupe de cheveux » dit le Chapelier. Depuis quelques instants il n’avait cessé de fixer, d’un air de vive curiosité, son regard sur Alice, et c’étaient là les premières paroles qu’il prononçait.
« Vous devriez apprendre à ne pas faire de remarques personnelles, répliqua Alice d’un ton sévère ; cela est très grossier. »
En entendant ces paroles, le Chapelier ouvrit de grand yeux ; mais il se contenta de demander : « Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau ? »
« Fort bien, nous allons à présent nous amuser ! pensa Alice. Je suis content que l’on ait commencé à poser des devinettes. – Je crois que je pourrai deviner cela », ajouta-t-elle à haute voix.
« Voulez-vous dire, demanda le Lièvre de Mars, que vous pensez pouvoir trouver la réponse à la question ? »
« Précisément », répondit Alice.
« En ce cas, poursuivit le Lièvre de Mars, vous devriez dire ce que vous pensez. »
« Je dis ce que je pense, s’empressa de répondre Alice ; ou du moins…, je pense ce que je dis… et c’est la même chose, n’est-ce pas ? »
« Pas du tout la même chose ! protesta le Chapelier. Tant que vous y êtes, vous pourriez aussi bien dire que « Je vois ce que je mange », c’est la même chose que « Je mange ce que je vois ! »
« Vous pourriez aussi bien dire, renchérit le Lièvre de Mars, que « J’aime ce que l’on me donne », c’est la même chose que « L’on me donne ce que j’aime » ! »
« Vous pourriez aussi bien dire, ajouta le Loir, qui, semblait-il, parlait tout en dormant, que « Je respire quand je dors », c’est la même chose que « Je dors quand je respire » !
« Pour toi, c’est bel et bien la même chose », dit au Loir le Chapelier, et là-dessus la conversation s’interrompit et le petit groupe se tint coi une minute durant, tandis qu’Alice passait en revue dans son esprit tout ce dont elle pouvait se souvenir à propos de corbeaux et de bureaux, et cela n’était pas grand-chose.
Le Chapelier fut le premier à rompre le silence : « Quel jour du mois sommes-nous ? » demanda-t-il en se tournant vers Alice : il avait tiré sa montre de son gousset et la regardait d’un air inquiet, en la secouant et en la portant à son oreille de temps à autre.
Alice réfléchit un instant, puis répondit : « Le quatre. »
« Elle retarde de deux jours ! soupira le Chapelier. Je vous avais bien que le beurre ne vaudrait rien pour le mouvement ! » ajouta-t-il en lançant au Lièvre de Mars des regards courroucés.
« C’était du beurre de la meilleure qualité existante », plaida humblement le Lièvre de Mars.
« Oui, mais on y aura introduit, en même temps, des miettes, grommela le Chapelier : vous n’auriez pas dû y mettre le beurre avec le couteau à pain. »
Le Lièvre de Mars prit la montre et la contempla d’un air mélancolique ; puis il la plongea dans sa tasse de thé et la contempla de nouveau ; mais il ne put imaginer rien de mieux que de répéter, en substance, sa remarque initiale : « C’était, croyez-moi, du beurre de la meilleure qualité qui fût. »
Alice avait, non sans quelque curiosité, regardé par-dessus son épaule : « Quelle drôle de montre ! remarqua-t-elle. Elle indique le jour du mois et elle ne dit pas quelle heure il est ! »
« Pourquoi le dirait-elle ? grommela le Chapelier. Est-ce que votre montre, à vous, vous dit en quelle année nous sommes ? »
« Bien sûr que non, répondit Alice sans le moindre embarras : mais c’est parce que l’on reste dans la même année durant un très long laps de temps. »
« C’est précisément ce qui se produit dans le cas de ma montre, à moi », dit le Chapelier.
Alice se trouva terriblement déconcertée. La remarque du Chapelier lui semblait dépourvue de toute signification, et pourtant elle était grammaticalement correcte. « Je ne saisis pas très bien », dit-elle aussi poliment que possible.
« Le Loir s’est rendormi », fit observer le Chapelier, et il versa sur le museau du petit animal un peu de thé brûlant.
Le Loir, d’un air agacé, secoua la tête et, sans ouvrir les yeux, murmura : « Bien sûr, bien sûr ; c’est là précisément ce que moi-même j’allais dire. »
« Avez-vous trouvé la réponse à la devinette ? » demanda le Chapelier en se tournant derechef vers Alice.
« Non ; je donne ma langue au chat, répondit Alice. Quelle est cette réponse ? »
« Je n’en ai pas la moindre idée », avoua le Chapelier.
« Moi non plus », reconnut le Lièvre de Mars.
Alice poussa un soupir de lassitude. « Je pense, dit-elle, que vous auriez sûrement mieux à faire que de gaspiller votre temps à poser des devinettes auxquelles il n’y a pas de réponse. »
« Si vous connaissiez le Temps aussi bien que je le connais moi-même, dit le Chapelier, vous ne parleriez pas de le gaspiller comme une chose. Le Temps est une personne. »
« Je ne vois pas ce que vous voulez dire » répondit Alice.
« Bien sûr que vous ne le voyez pas, répliqua le Chapelier en hochant la tête d’un air de souverain mépris. J’ajouterai même que vous ne lui avez jamais parlé, au Temps. »
« Peut-être bien que non, répondit avec prudence, Alice, mais à mon cours de musique on m’a appris à marque le temps. »
« Ah ! dit le Chapelier, voilà qui explique tout. Le Temps n’admet pas qu’on le veuille marquer comme le bétail. Alors que si seulement vous étiez restée en bons termes avec lui, il ferait faire aux pendules tout ce que vous voudriez, ou presque. Par exemple, à supposer qu’il soit neuf heures du matin – l’heure de commencer votre travail d’écolière -, vous n’auriez qu’un mot à dire au Temps, et l’aiguille ferait le tour du cadran en un clin d’œil ! Voilà qu’il serait déjà une heure et demie, l’heure du déjeuner ! »
(« Je voudrais bien que cela soit vrai », soupira à part soi le Lièvre de Mars.)
« Ce serait, certes, magnifique, dit Alice, pensive ; mais alors… mais alors… voyez-vous, je n’aurais probablement pas faim. »
« Au début, peut-être pas, dit le Chapelier ; mais vous pourriez faire rester les aiguilles sur une heure et demie aussi longtemps qu’il vous plairait. »
« Est-ce ainsi que, vous-même, vous procédez ? » demanda Alice.
Le Chapelier fit, de la tête, avec tristesse, un signe de dénégation. « Moi, non ! répondit-il. Le Temps et moi, nous nous sommes querellés en mars dernier – juste avant que celui-ci devînt fou (de sa cuiller à thé il désignait le Lièvre de Mars) ; c’était au grand concert donné par la Reine de Cœur, et je devais chanter :
Scintillez, scintillez, petite pipistrelle
Qui doucement venez nous frôler de votre aile !
Je suppose que vous connaissez la chanson ? »
« J’ai entendu quelque chose dans ce genre-là », dit Alice.
« Cela continue, voyez-vous, poursuivit le Chapelier, de la façon suivante :
Dans le crépuscule où, sans bruit, vous voletez,
Scintillez, scintillez comme un plateau à thé !... »
A ce moment, le Loir se secoua et se mit à chanter tout en dormant :
« Scintillez, scintillez, scintillez, scintillez !... »
et il continua ainsi pendant si longtemps que l’on dut le pincer pour le contraindre à se taire.
« Eh bien, dit le Chapelier, à peine avais-je terminé le premier couplet, que la Reine sursautait et se mettait à hurler : « Assassin ! Il est venu ici avec l’unique intention de tuer le temps ! Qu’on lui tranche la tête ! »
« Quelle horrible cruauté ! » s’exclama Alice.
« Et depuis lors, poursuivit d’un ton chagrin le Chapelier, le Temps fait tout ce qu’il peut pour me contrarier ! Il est toujours six heures, désormais. »
Une idée lumineuse vint à l’esprit d’Alice. « Est-ce pour cela qu’il y a, sur cette table, tant de tasses et tant de soucoupes ? »
« Oui, c’est bien pour cela, admit, dans un soupir, le Chapelier : C’est toujours l’heure du thé ; nous n’avons donc jamais le temps de faire la vaisselle. »
« Alors vous faites sans arrêt le tour de la table, je suppose », demanda Alice.
« Effectivement, dit le Chapelier, à mesure que les tasses ont été utilisées. »
« Mais qu’arrive-t-il quand vous vous retrouvez à votre point de départ ? » se hasarda à demander Alice.
« Si nous changions de sujet de conversation, dit, dans un bâillement, le Lièvre de Mars. Je suis fatigué de tout ceci. Je propose que la jeune demoiselle nous raconte une histoire. »
« J’ai bien peur de n’en connaître aucune » dit Alice, que la proposition n’enchantait guère.
« Alors, c’est le Loir qui va nous en raconter une ! » s’écrièrent-ils tous deux. « Hé, Lor, éveille-toi ! » hurlèrent-ils en le pinçant des deux côtés à la fois.
Le Loir ouvrit lentement les yeux. « Je ne dormais pas, affirma-t-il d’une voix faible et rauque : j’ai entendu chacun des mots que vous autres avez prononcés. »
« Raconte-nous une histoire ! » ordonna le Lièvre de Mars.
« Oh oui, je vous en prie ! » insista Alice.
« Et dépêche-toi de la raconter, ajouta le Chapelier, sinon tu vas te rendormir avant qu’elle ne soit terminée. »
« Il était une fois trois petites sœurs », commença de dire, dans une grande précipitation, le Loir ; elles se nommaient Elsie, Lacie et Tillie ; et elles vivaient au fond d’un puits… »
« De quoi se nourrissaient-elles ? » s’enquit Alice, qui prenait toujours un vif intérêt aux questions concernant le boire et le manger.
« Elles se nourrissaient de mélasse » affirma le Loir, après une minute ou deux de réflexion.
« Voyons, elles n’auraient pas pu se nourrir ainsi, fit gentiment observer Alice ; elles seraient tombées malades. »
« Justement, elles étaient malades, répondit le Loir ; très malades. »
Alice essaya de s’imaginer ce à quoi pouvait bien ressembler un si extraordinaire mode de vie, mais c’était trop déconcertant pour elle, et elle préféra poursuivre : « Mais pourquoi vivaient-elles au fond d’un puits ? »
« Reprenez donc un peu de thé », proposa d’un air pénétré, à Alice, le Lièvre de Mars.
« Je n’ai encore rien pris du tout », repartit-elle d’un ton de voix offensé, « Je ne saurais donc reprendre de rien. »
« Vous voulez dire que vous ne sauriez reprendre de quelque chose », dit le Chapelier. « Quand il n’y a rien, cela ne doit pas être très facile que de reprendre de ce rien. »
« Personne ne vous a demandé votre avis, à vous », répliqua Alice.
« Qui est-ce qui fait des remarques personnelles, à présent ? » demanda le Chapelier, triomphant.
Alice ne sut trop que répondre au Chapelier ; elle se servit donc une tasse de thé et prit une tartine de beurre, puis elle se tourna vers le Loir et répéta sa question : « Pourquoi vivaient-elles au fond d’un puits ? »
Le Loir réfléchit de nouveau pendant une ou deux minutes, puis il déclara : « C’était un puits de mélasse ».
« Cela n’existe pas ! » s’écria, fort en colère, Alice, mais le Chapelier et le Lièvre de Mars firent : « Chut ! Chut ! » et le Loir, d’un ton maussade, lui fit observer : « Si vous ne pouvez pas être polie, vous feriez bien de finir l’histoire vous-même. »
« Non, veuillez continuer ! » dit Alice en se faisant très humble. « Je ne vous interromprai plus. Après tout, peut-être existe-t-il un puits de cette sorte, un seul. »
« Un seul, vraiment ! » s’exclama le Loir, outré. Il consentit néanmoins à poursuivre : « Donc, ces trois petites sœurs, voyez-vous bien, elles apprenaient à extraire… »
« Qu’extrayaient-elles ? » demanda, oubliant tout à fait sa promesse, Alice.
« De la mélasse », dit le Loir, sans prendre, cette fois, le temps de la réflexion.
« Il me faut une tasse propre, intervint le Chapelier. Avançons tous d’une place. »
Tout en parlant, il se déplaçait, suivi du Loir : le Lièvre de Mars prit la place du Loir, et Alice, un peu à contrecoeur, prit celle du Lièvre de Mars. Le Chapelier fut le seul à tirer avantage du changement ; Alice se trouva sensiblement plus mal qu’auparavant, car le Lièvre de Mars venait de renverser le pot à lait dans son assiette.
Ne voulant pas vexer de nouveau le Loir, Alice commença, très prudemment, à dire : « Je ne comprends pas très bien. D’où extrayaient-elles de la mélasse ? »
« On extrait du pétrole d’un puits de pétrole, répondit le Chapelier ; je pense donc que l’on peut extraire de la mélasse d’un puits de mélasse, hein, pauvre idiote ? »
« Mais elles étaient au fond du puits » dit, au Loir, Alice, en feignant de n’avoir pas entendu la réplique du Chapelier.
« Bien sûr qu’elles y étaient, répondit le Loir ; et puis alors, là, bien au fond. »
Cette réponse déconcerta tellement la pauvre Alice, qu’elle laissa le Loir parler pendant quelque temps sans songer à l’interrompre.
« Elles apprenaient aussi à dessiner, poursuivit le Loir en bâillant et en se frottant les yeux, car il avait grand sommeil ; et elles dessinaient toute sorte de choses… tout ce qui commençait par une L… »
« Pourquoi par une L ? » s’enquit Alice.
« Pourquoi pas ? » répondit le Lièvre de Mars.
Alice se tint coite.
Le Loir, cependant, avait fermé les yeux et il commençait à somnoler ; mais, le Chapelier l’ayant pincé, il se réveilla en poussant un petit cri plaintif et poursuivit : « …qui commençait par une L, tels les lance-pierres, la lune, la lucidité, la lurette – vous savez que l’on dit de certains événements plus ou moins éloignés dans le passé, qu’ils se sont produits il y a belle lurette - ; avez-vous jamais vu un dessin représentant une lurette ? »
« A vrai dire, maintenant que vous me le demandez », avoua Alice, qui ne savait plus du tout où elle en était, « je ne pense pas… »
« En ce cas, vous auriez intérêt à vous taire », dit le Chapelier.
Une telle insolence était plus qu’Alice ne pouvait supporter : complètement écoeurée, elle se leva et s’éloigna ; le Loir sombra instantanément dans le sommeil, et aucun des deux autres ne prêta la moindre attention au départ d’Alice, qui se retourna deux ou trois fois dans le vague espoir qu’ils la rappelleraient ; la dernière fois qu’elle les vit, ils essayaient d’introduire de force le Loir dans la théière.
« En aucun cas je ne reviendrai en ces lieux-ci ! » déclara, tout en cheminant avec circonspection à travers bois, Alice. « C’est bien là le thé le plus insupportable auquel il m’ait été donné d’assister, de ma vie. »
Lewis Carroll

Ca vient...

Et alors là, oui bien sûr : Alice...
Etant trois à créer ce projet, nous pensons au chapitre "Un thé chez les fous".


A la recherche d'un nom

En relisant Oh les beaux jours, de Samuel Beckett (éditions de Minuit)...

On cherche les oh :

Oh ça ne presse pas, ça ne presse pas, seulement ne te repelotonne pas.
Oh fugitives joies – oh… ta-la lents malheurs.
Oh je vois, il te reste de ton produit.
Oh le beau jour encore que ça va être !
Oh les beaux jours de bonheur !
Oh non vraiment !
Oh tant pis, quelle importance, voilà ce que je dis toujours, c’est très simple, je me coifferai plus tard, très simple, le temps est à Dieu et à moi.
Oh il va me parler aujourd’hui, oh le beau jour encore que ça va être !
Oh je sais bien, mon chéri, ramper à reculons, ce n’est pas de tout repos, mais on est payé, de sa peine, en fin de compte.
Qu’ils pleurent, oh mon Dieu, qu’ils frémissent de honte.
Oh sans doute des temps viendront où je ne pourrai ajouter un mot sans l’assurance que tu as entendu le dernier et puis d’autres sans doute d’autres temps où je devrai apprendre à parler toute seule chose que je n’ai jamais pu supporter un tel désert.
Oh je sais bien, il ne s’ensuit pas forcément, lorsque deux êtres sont ensemble – de cette façon – parce que l’un voit l’autre que l’autre voit l’un, la vie m’a appris ça… aussi.
Oh je peux bien m’imaginer ce que tu rumines, celle-là alors, il ne suffisait pas d’avoir à l’entendre, maintenant il faut la regarder par-dessus le marché.
Oh j’en conviens, il y a de quoi sécher.
Oh c’est une consolation, sans doute, te savoir là, mais je t’ai assez vu.
Oh tous les cinq, tu es un ange aujourd’hui, maintenant je vais pouvoir continuer, d’un cœur léger.
Moi-même ne finirai-je pas par fondre, ou brûler, oh je ne veux pas dire forcément dans les flammes, non, simplement réduite petit à petit en cendres noires, toute cette – chair visible.
Oh le beau jour encore que ça aura été !
Oh quand même !
Oh Willie, tu ne vas pas l’avaler !
Oh le beau jour encore que ça aura été, encore un !
Oh tu dois être mort, oui, sans doute, comme les autres, tu as dû mourir, ou partir, en m’abandonnant, comme les autres, ça ne fait rien, tu es là.
Oh pas tous.
Oh je sais, tu n’as jamais été causant, Winnie sois à moi je t’adore et finie fleurette, la parole est aux offres et demandes.
Oh mais dis donc, c’est fantastique !
Oh le beau jour encore que ça aura été.


Puis, les expressions qui accrochent :

Bouchette blémie (p 20)
Drôle de tournure (p 29)
Oui, mis ma toque (p 29)
Les mots vous lâchent (p 30)
A longueur de journée (p 34)
Ce grand sac noir (p 39)
A perte de passé et d’avenir (p 45)
Quelque chose semble s’être produit (p 46)
Ejecte, de grâce, éjecte ! (p 49)
Et de plus en plus étrange (p 53)
Las de ton trou, mon lapin ? (p 54)
Jusqu’ici (p 56)
Ce jour-là (p 61)
Simple hasard, je présume, heureux hasard (p 63 et 72)
Vermeil bernique (p 63)
Ce jour-là… le lac… les roseaux. (p 64)
Ah oui, les choses ont leur vie (p 65)
Dors et veille (p 65)
Il vous arrive de trop attendre (p 68)